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DEFENSE & SECURITE

Simulation & Training Market.... Enjeux et Avenir

Victanis Advisory Services GmbH
2018-06-10
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Les ministères de la défense, spécialement en Europe, doivent prendre des mesures significatives de réduction des coûts dans leurs forces armées afin de faire face à leurs ressources financières réduites. Les principales variables d’ajustement, au nombre de trois, étant la linéarisation ou le décalage de programmes, la réduction des effectifs et une meilleure maîtrise des budgets de formation. En conséquence, les militaires se concentrent actuellement sur la recherche et la mise au point de solutions moins coûteuses et plus efficaces pour leurs besoins de formation. 

Quels sont les principaux moteurs de l'évolution du marché des dernières années ? 

De nombreux pays, dont la France et le Royaume-Uni, ont affirmé vouloir réorganiser leurs forces armées, de sorte qu’elles soient plus réduites mais plus versatile et mieux équipées et entrainées. Ces objectifs (un peu paradoxaux) seront atteints par un recours massif à des outils de simulation innovants et des systèmes de formation virtuel pour l’entrainement des forces. Les gouvernements considèrent les programmes de formation sur le terrain comme extrêmement coûteux et logistiquement difficiles, tandis que les simulateurs sont plus rentables et permettent la reproduction de divers environnements.

Par conséquent, les militaires s'orientent progressivement vers un mélange équilibré de formation terrain et de formation sur simulateur pour leurs forces. Le bon exemple ? Les pilotes des forces aériennes subissent une formation approfondie de vol dans les académies et, bien sûr, des exercices d'entraînement de vol devenus très coûteux.

L'US Air Force, par exemple, affirme dépenser 2,9 millions de dollars pour former un pilote d'avion de combat et 600.000 dollars pour former un pilote de transport aérien. En intégrant les simulateurs de vol afin de réduire les heures de formation en vol, l’USAF réalise  d'importantes économies de coûts. La plupart des grands fournisseurs d’outil de formation et de simulation militaires ont enregistré une croissance significative du chiffre d'affaires ces 5 dernières années et ne s'attendent à un ralentissement de leurs activités puisque les armées continuent de se tourner vers des simulateurs comme un moyen de réduire les coûts, tout en améliorant l'état de préparation de leurs forces. A noter que qu’une partie importante de la croissance dans le marché de la simulation militaire, ces cinq dernières années, a été générée par les commandes de nouveaux matériels mais que les contrats de modernisation de l'équipement existants contribuent également à l'essor du marché.

Futur proche

Ces cinq dernières années ont vu une augmentation du nombre de joint-ventures et de programmes de partenariat dans le secteur. Les grandes puissances militaires travaillant toutes sur plusieurs plates-formes de simulation, tous les grands fournisseurs, aidés par un riche écosystème de PME ont réussi à transmettre un savoir-faire technologique à leurs clients (les armées) dans un effort pour créer de véritables savoirs-faire nationaux.

Les projets de collaboration entre grands groupes et PME(s) et entre PME(s) servent aussi à réduire considérablement le temps de recherche et de développement qui est essentiel dans la construction de plates-formes de simulation militaires, l’environnement tactique ayant considérablement évolué cette dernière décennie. On assiste à l’émergence, en Europe et aux USA, d’un écosystème « simulation & training » industriel fort totalement intégré dans les BITD respectives et considérés comme un secteur clé.

Problèmes clés du marché 

Historiquement, les simulateurs militaires furent longtemps utilisés dans des contextes très spécialisés pour réaliser des formations à des métiers ou à des opérations bien spécifiques. A l’heure actuelle aucun système unique ne peut couvrir l’intégralité des impératifs tactiques d'un exercice de formation globale (type grandes manœuvres ou grande exercices internationaux) or le besoin d'interopérabilité entre les différents systèmes de simulation militaire est de plus en plus critiques de par la complexité des combats de guerre moderne, qui recourt à tous les vecteurs disponible même sur des théâtres secondaires ou des engagements courts mais puissant. Ces impératifs nouveaux, issus des différents RETEX de la décennie, dépasse la capacité de traitement des outils actuels incapable, pour le moment, de traiter des grands modèles d’engagement.

Par conséquent, le développement de modèles compatibles (donc complémentaires des uns des autres) est devenu aussi important que le développement de nouveaux modèles interopérables. Cependant, les systèmes de simulation militaires complexes appartiennent à la classe des systèmes d'information basés sur des modèles tactiques ou d’engagement existant, et les principaux aspects de ces systèmes d'information sont une abstraction de la réalité.

Diverses expériences récentes avec des systèmes de simulation de combat à haute résolution et quelques modules d'exécution de commande et de contrôle des fonctionnalités de base ont montré qu'il existe une difficulté à combiner des systèmes d'information basés sur des modèles préexistant donc au développement limité.

Par exemple les simulateurs de tâches simples, tels que les simulateurs de tir pour l'utilisation des armes à feu ou les simulateurs de conduite sont principalement utilisés par les forces armées dans la formation de base des soldats individuels à des niveaux de compétence ne nécessitant pas d’interopérabilité.

Cependant, la plupart des situations tactiques récentes et leur reproduction aux fins d’entrainement des forces, nécessitent l'utilisation d'équipements hautement spécialisés et des simulateurs de calibre élevé, tels les simulateurs de vol ou les simulateurs de conduites de MBT. A cette fin des outils spécifiques ont été développés.

Le développement et l'utilisation de simulateurs « haute-fidélité » a fortement augmenté au cours des cinq dernières années, en particulier pour les activités qui nécessitent la maîtrise d'une compétence spécifique, comme le combat en vol ou le combat blindé. Ces besoins spécifiques de simulations militaires sectorielles exigent de la haute-fidélité et des mécanismes redondant de contrôles de l'interface homme-machine. Haute-fidélité signifiant que l’outil de simulation est capable de reproduire presque à l’identique d’une situation réelle des sensations et l’environnement visuel, tandis que la Double fidélité (duplicate fidelity) exige que le produit de simulation est l'apparence réelle et reproduise à l’identique les capacités de l'équipement d'origine et les sensations ressenties par l’utilisateur. Ces outils complexe de simulation sont utilisés pour l’entrainement sur voilures fixes et tournantes, les véhicules militaires (type MBT), les simulations radar, équipement d'imagerie, tir de missile, passerelles de bâtiments de combats ou de sous-marins  et beaucoup d'autres. Comme les simulateurs double-fidélité sont identiques à l'équipement d'origine, le développement de ce type d’outil est lourd de coût. Dans le contexte des compressions budgétaires actuelles annoncées par de nombreux pays, le développement de simulateurs haute-fidélité à coûts maîtrisés donc rentables est un défi majeur de l’industrie de la simulation et du marché de la formation - réalité virtuelle.

Les États-Unis sont le plus grand marché mondial de la simulation militaire et de la formation, mais la crise économique actuelle devrait avoir un impact sur les besoins américains et donc sur la taille du marché local et par ricochet international. La falaise budgétaire a durement impacté les forces américaines, notamment la Navy et l’écosystème americain de défense de manière générale.

Il en va de même en Europe où les deux principales puissances militaires, France et UK, ont réduit leurs budgets de défense et cela devrait continuer à les baisser (surtout les budgets équipement), notamment en France où la loi de programmation militaire court jusqu’en 2019.

Ces facteurs devraient se traduire par une réduction des achats-ventes de la quasi-totalité des équipements militaires. Même si le marché Simulation & Training devrait lui continuer à se développer jusqu’en 2019 mais sur la recherche de produit moins onéreux.

Stimulateurs de croissance et évolution de la demande

De nombreux pays, dont les États-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde la France et le Royaume-Uni sont actuellement impliqués dans l'acquisition d'une gamme d'équipements militaires, voilures fixes et tournantes, combattants de surface et des véhicules blindés, afin de remplacer leurs matériels vieillissant. Par conséquent, ils vont rapidement intégrer dans leurs schémas opérationnels des nouvelles technologies qui permettent, d’ores et déjà, de déceler un besoin important de formation pour le personnel, A ce titre SCORPION, en France, est un bon exemple. Mais ce sont les plateformes aériennes, et notamment les voilures fixes, qui seront le principal moteur de croissance du marché avec une croissance forte dans le sous-secteur des simulateurs de vol qui est celui qui connaîtra la plus forte croissance. Les simulateurs et les outils de formations sur voilures tournantes étant  le deuxième segment en forte croissance.

Enfin, dans ce secteur de la simulation aérienne, la demande croissante de drones aériens conduira la croissance du marché des simulateurs de drones jusqu’en 2019. De par le coût plus réduit de leur heure de vol, de par la pluralité des missions qu’ils peuvent mener et leur coût unitaire plus réduit, l'utilisation des drones pour des missions de reconnaissance et de surveillance, voire des missions de combat, sera considérablement accrue.

En effet les UAV équipés de technologies de pointe servent de multiplicateurs de force et permettant aux forces armées à déployer moins de personnel dans une zone de combat, sans compromettre leur capacité à détecter et à contrer les menaces potentielles posées par les organisations terroristes, pirates, les insurgés et les immigrants illégaux, sont un avantage considérable. C'est la raison principale pour laquelle le déploiement d'avions d'espionnage sans pilote dans les zones de combat est en croissance et à son tour, stimule la demande pour les simulateurs de drones particulièrement au Royaume-Uni, aux USA  en Allemagne et en France.

En effet les enseignements tirés des campagnes d’Irak et d’Afghanistan montrent que la formation des pilotes d’UAV doit être revue et accrue. On sait que le Royaume Uni a perdu 450 UAS, 11 MALE et 2 MQ-9 en opération ces dernières années, l’Allemagne, quant à elle, a perdu124 UAS dont 2 MALE Heron. Les USA arrivent en tête des pertes ces 10 dernières années avec des centaines d’UAS perdus dont 30 Rapiers à 20 Millions de Dollars l’appareil. La France elle ne communique pas sur ses pertes.

On le voit la formation des pilotes de drones doit être revue et repensée en favorisant de plus en plus le recours à la simulation des pilotes qui, sur les systèmes complexes, ont une multitude de données à gérer en plus du pilotage en lui-même.

Un des autres facteurs qui stimulera la demande est la restriction des espaces aériens nationaux pour les programmes de formation. C’est le cas aux États-Unis mais également de nombreux pays en Europe. En outre, sur l’incitation des ministères de la défense, les entreprises axent leur recherche sur des technologies qui permettraient au personnel de se former rapidement et à moindres coûts, notamment sur les UAS de très petite taille. La formation sur les tablettes et smartphones est une piste sérieuse.  In fine, même pour des appareils plus importants et jusqu’à un certain degré de formation, les simulateurs de drones devraient seulement compter un joystick et un ordinateur personnel, ce qui permettra aux opérateurs en formation de basculer entre les plates-formes et environnements.

Conclusion

Avec l'avènement de la technologie, l'utilisation de simulateurs s’est étendue de la formation de base à d'autres fonctions avancées, dont la formation au combat air-air, le ravitaillement en vol ou même encore les appontages.

En même temps le coût de l'acquisition et de l'exploitation de simulateurs a considérablement baissé et devient minime par rapport à l'équipement militaire traditionnel utile à la formation (appareil, personnels au sol, bases…….). Par exemple, aux USA, le coût d'exploitation d'un MBT est de 75 $ US par mile, tandis que d'exploiter un simulateur de formation de conducteur de char est 2,50 $ US par mile. En 2010 l'armée américaine a économisé $ 2,5 millions par la formation de 2200 soldats sur simulateurs.

Des économies supplémentaires de 29 millions de dollars ont été faites sur les munitions, avec l'introduction de la simulation conduite de feu artillerie. Ce changement global dans la perception des militaires, utilisateurs finaux des systèmes, permettra de faire émerger des niches de marchés supplémentaires et donc une croissance plus élevées pour les fabricants de simulateurs européens et américains.

Nous recommandons donc de suivre avec attention les partenariats et les rapprochements des sociétés travaillant dans un des secteurs utiles à la simulation et à la formation virtuelle des forces combattantes.

En effet depuis 2013 et de manière croissante depuis le début 2014, Capstone, pour citer cette référence connue, dit avoir été approché par un nombre croissant de propriétaires d'entreprises dans le Secteur Formation / Simulation militaire commençant à planifier leur sortie. Ces chefs d’entreprise pensent que c’est un des meilleurs moments pour planifier une sortie sur fin 2014 – 2015.

L'industrie de Formation / Simulation militaire est donc prête pour une nouvelle vague de fusions - acquisitions. Cette consolidation est d’ailleurs typique pendant les périodes de coupes budgétaires importantes et affecte tout à la fois le Middle-Market que les acteurs de premier plan.

Eric Lambert
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